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    L’écran au-dessus du comptoir de Qatar airways affiche la mention « Boarding » au vol QR927, à destination de Montréal. Cette fois-ci, c’est bien vrai : nous retournons à la maison.

    Autour de nous, un flot continu de gens de partout sur la planète, dont l’on devine l’origine par la couleur de la peau ou l’habit traditionnel. Ils se dirigent à gauche et à droite, en direction de leur porte d’embarquement. On lit, ici et là : Alger, Kathmandu, Abu Dhabi, Sao Paulo, Paris, Bucarest, Londres, Bangkok… La tentation est grande, les réflexions viennent, puis repartent : ils n’en tiendraient qu’à nous de poursuivre l’aventure. Et pourtant…

    Nous avons hâte de voir notre famille, nos amis. De serrer les gens que nous aimons dans nos bras. De manger de la poutine. De boire du bon vin. De prendre une douche chaude. De dormir dans un bon lit douillet…

    9 mois et demi se sont écoulés depuis notre départ. 289 jours. 55 villes et tout autant de sacs vidés et re-remplis. Plus de 20 000km en bus, en train, à pied, en scooter, en avion, en bateau, à vélo. Presqu’une année entière, mais en fermant les yeux quelques secondes à peine, nous avons l’impression que notre départ pour Delhi était hier : la fébrilité des préparations, les émotions du départ… Tout est encore si frais dans nos mémoires. Il est étrange de se rappeler tous ces souvenirs qui semblent si proches, alors que dans moins de 30 minutes, nous serons à bord de l’avion qui nous ramènera chez nous, les cheveux plus longs, la barbe plus garnie, la tête veillie, le cœur rajeuni, les yeux encore pétillants de toutes les aventures vécues ces presque 10 derniers mois.

    Il y a encore tant de choses de choses à dire, mais la tâche de trouver les mots pour conclure cette aventure est ardue; tant d’idées se bousculent dans nos têtes. Les émotions aussi, la joie comme la tristesse, qui se battent entre elles pour prendre le dessus… C’est la fin d’un rêve qui arrive aujourd’hui, mais la route en encore ouverte. Des rêves, il y en aura d’autres. Des dizaines, des centaines, des milliers. Des petits comme des grands, mais toujours aussi beaux et mémorables, toujours aussi remplis de découvertes et de redécouvertes, d’aventures et de mésaventures, d’essais et parfois d’erreurs, de rencontres et d’amitiés, d’actions et de réflexions, de sourires et de clin d’œil, d’amour et de complicité. Devant nous, des dizaines d’années de projets nous attendent, tant d’occasions pour s’inventer et se réinventer. Ce n’est pas la fin, il n’y jamais de fin : que de nouveaux départs.

    Le point final de ce blog viendra sans doute plus tard, ou peut-être pas, mais il est maintenant temps de sortir une dernière fois nos passeports et nos cartes d’embarquement : on nous attend au comptoir de Qatar, l’embarquement est presque terminé. À bientôt pour un dernier post, ou bien pour une discussion de vive voix : c’est fait, dans 13h nous serons à Montréal.

     

     


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    …Plusieurs matinées paresseuses à lire, couchés dans notre hamac.

    …Pleins de bons petits repas cuisinés maison.

    …Des amis indonésiens dont nous sommes de plus en plus proches.

    …Des dizaines (des centaines?) de parties de cartes avec Icep et Asep.

    …Des progrès plus (Alex) ou moins (moi) évidents en surf.

    …Et plus que trois jours pour profiter de tout ça!!!

     

    Mais, sinon? Presqu’un mois après notre arrivée à Batu Karas, nous sommes heureux de constater que nous nous sommes fait notre petite place bien à nous, au sein du village. Notre petite routine et nos connaissances de Bahasa Indonesia  nous ont permis de nouer des liens avec plusieurs personnes, et c’est à l’approche du grand départ que nous commençons à réaliser toute la chance que nous avons eu de vivre une véritable immersion dans la culture locale. Il est rare, lors d’un voyage, de devenir assez proches des locaux pour dépasser le stade de simple « connaissance », et d’avoir le privilège de converser plus loin que les « cinq questions classiques adressées aux voyageurs » : « Where from? », « How long ? », « You, work? », « You, married? », « You, children? »…

     

    17juill 012 Souper poissons grillés avec Ustad et Ihis
     
    17juill 017 Partie de cartes avec nos amis du cours d'anglais
     

    Autre petit côté intéressant : le Ramadan est commencé depuis maintenant 10 jours. L’Indonésie étant le pays à la plus grande population de musulmans du monde, il nous est chaque jour donné d’observer le dévouement religieux incroyable des gens que nous côtoyons. La mosquée fait son premier appel à 3h AM : il est temps de se lever pour préparer le petit déjeuner, qui doit être mangé avant la prière, à 4h30. Puis, jeûne complet jusqu’à 18h, incluant eau, alcool (évidemment!) et cigarettes. Un esprit de solidarité, de support et de compréhension entre les villageois est « palpable », on sent qu’ils se supportent mutuellement. Leur « décompte du souper » nous fait chaque soir bien rire : ici et là, on entend des « Lima setengah jam! » (« 17h30! ») ou encore des « Duapuluh menit lagi! » (« Encore 20 minutes! »). Bref, un sentiment d’implication et de solidarité collective qui n’a chez nous d’égal que lorsque les Habs participent aux séries……………….. Et encore! C’est beau de les voir aller, bien qu’on ait du mal à comprendre une si grande ferveur religieuse. De notre côté, par respect pour nos amis, on prend nos repas à l’intérieur, et on évite de boire ou de fumer en leur présence. Déjà ça, ce n’est pas facile, alors imaginez pour eux…!


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  • Il y a maintenant presque une semaine que j’ai rejoint Alex dans notre petite maison à Batu Karas, un village de pêcheurs qui constituera notre dernière étape avant le grand retour! Les posts se sont faits plus rares, mais ce n’est pas par manque de choses à raconter… en fait, c’est simplement que ce que nous vivons ici est tout simple, et que parfois, ce sont ces choses que nous oublions de partager. Et pourtant… nos journées ici regroupent ce que tous voyageurs recherchent, mais trouvent rarement : des contacts avec des locaux, dans leur langue et dans leur environnement à eux.

     

    11juil 009 Notre maison

    Nous nous levons vers 7h, quelques heures après le premier appel à la prière. Ce sont généralement les coqs de nos voisins qui nous tirent de notre sommeil. Petit café puis, hop, départ pour la plage à scooter, juste après avoir salué Ma, notre voisine, et avoir répondu à la question qu’elle nous pose chaque matin : « Mau ke mana? » (Où allez-vous?) « Ke pantai » (À la plage). Un petit deux minutes plus tard, nous avons les pieds dans l’océan Indien… la première session de surf peut commencer! Pas facile, mais chaque jour nous progressons. Alex est nettement plus avancé que moi : il y a déjà longtemps qu’il est capable de traverser la plage de tout son long en suivant la vague, un joli trajet de plus de 30 secondes. Depuis 2 jours, il est même capable de faire des « carvings », ces virages serrés effectués à même la vague. En ce qui me concerne, j’en suis encore à tenter de monter sur la vague : finis, les remous! J’ai réussi à quelques reprises mais il me reste encore beaucoup de chemin à faire. J’ai bon espoir qu’avec nos 2 à 4h de surf par jour, j’arriverai à être une surfeuse « potable » d’ici notre départ de Batu Karas avec, en bonus, de bons biceps!

    Après notre première session de surf, nous discutons souvent avec les gens sur la plage pendant quelques minutes. Nous avons fait connaissance avec Tupei et Ade, deux indonésiens qui offrent tout un spectacle lorsqu’ils sortent leur planche : ils dansent littéralement sur leur surf avec, parfois, la tête en bas, pirouettes en prime! Ade est connu à Batu Karas pour avoir surfé la vague du tsunami de 2006. C’est vous dire…

    En début de matinée donc, retour à la maison pour le déjeuner. Avec notre petit poêle à gaz, nous prenons plaisir à nous cuisiner de bon repas. Crêpes, pains dorés, œufs et même… toasts au beurre de peanut! On se croirait chez nous! Nous mangeons sur notre balcon, au soleil, en regardant Kaka (pas de commentaires!), jouer avec les poules. Il est adorable : haut comme trois pommes, avec une petite voix de Chipmunk et de grands yeux noirs. Ils commencent à se dégêner, et nous avons de plus en plus souvent droit à des « tatas » lorsqu’ils passent devant notre maison. Les autres voisins commencent aussi à s’habituer à la présence de « peaux blanches » près de chez eux, et nous faisons progressivement connaissance avec eux.

     

    16juill 048 Kaka

    Après le déjeuner, nous nous reposons un peu, puis nous retournons souvent à la plage pour une deuxième session de surf avant le dîner. Ensuite, retour à la maison pour un autre petit plat que nous nous cuisinons nous-même : quel plaisir, après 8 mois à manger au resto! S’il nous manque des ingrédients, nous traversons le petit chemin de terre pour nous rendre au warung d’en face, où nous achetons légumes du jardin, œufs frais, etc. Un kilo d’œuf pour 2$, et un grand sac de légumes pour 75 cents, pas mal…

     

    13juill 008 On se cuisine de bons plats... Pâtes à la crème, légumes et fromage.

    Puis, la journée passe. Souvent, en après-midi, Ustad passe à la maison pour une petite visite. Il s’agit de « l’homme de confiance » de la propriétaire, qui veille sur la maison lorsque des locataires s'y installent. Nous parlons de tout et de rien, et pratiquons notre Bahasa Indonesia. Ustad s’adresse toujours à nous en langue indonésienne, en nous parlant très lentement et en articulant bien. On prend un moment pour comprendre les mots un à un puis, s’il y en a un ou deux que nous ne comprenons pas, il nous les traduit en anglais. Nous déduisons ainsi les phrases et les questions, et tentons ensuite d’y répondre le mieux possible. En une semaine, notre indonésien s’est considérablement amélioré grâce à lui, et à sa femme Ihis.

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    …3h plus tard…

    Au moment où je vous écrivais et vous parlais d’eux, il y a quelques heures de cela, Ustad et Ihis sont justement arrêtés nous faire un petit coucou. Nous avons discuté longtemps, avec Simon (un ami) et Jess et Rob, nos deux colocs d’Angleterre. Étant donné que nous étions en train de nous cuisiner des grilledcheese, nous en avons profité pour leur faire goûter ce met délectable : échec lamentable, jusqu’à ce qu’ils essaient avec de la tartinade au chocolat… semblerait-il que là, c’était mangeable. Mais bon, retournons où j’en étais plus tôt…

     

    16juill 046 Ihis et Ustad qui mangent des grilledcheese... au chocolat!

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    En plus d’Ustad, nous avons un autre professeur, et un vrai, celui-là : Mister Bill, un gentil monsieur qui donne des cours d’anglais aux enfants du village. Il nous a invités à nous joindre à eux 3 fois par semaine, afin que nous apprenions l’indonésien pendant que les jeunes apprennent l’anglais. Nous en sommes maintenant à notre troisième cours : chaque fois, c’est une vraie partie de plaisir!

     

    14juill 014 cours de bahasa indonesia chez Mister Bill

    Les jours où nous n’avons pas de cours chez Mister Bill en début d’après-midi, nous retournons parfois à la plage pour une troisième session. Puis, un autre petit repos avant la dernière session de la journée, au coucher de soleil. C’est bien fatigués que nous retournons à la maison le soir : un bon repas puis dodo, vers 21h.

     

    16juill 016 Surf au coucher du soleil

    Malgré nos journées bien remplies, nous trouvons le temps de faire quelques virées « shopping » à Cijulang (la petite ville la plus proche), pour y faire notre épicerie quelques fois par semaine. On s’y rend avec notre scooter, que nous avons loué pour un mois. On découvre aussi tranquillement les environs de Batu Karas. Hier, nous sommes allés à la « Green Valley » de Citumang avec Simon, Jess et Rob, et avons passé la journée à nager dans l’eau turquoise au pied des chutes, et à sauter du haut des rochers dans les bassins.

     

    15juill 029 balade en scooter
    15juill 123 citumang
    15juill 107 citumang

    Bref, ici, la vie est belle : nous découvrons une toute nouvelle manière "d'être des touristes". En s’établissant au même endroit pour une longue période de temps, nous avons moins l’impression « d’observer », et plus le sentiment de « vivre ». Nous apprenons la langue, rencontrons des gens, découvrons la culture de l’endroit où nous nous trouvons… pour de vrai. C'est qu'il va nous manquer, ce petit village...!

     

     

    PS : Plus de photos à venir... patience! :)


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    Il s’en est passé beaucoup, des choses, depuis mon dernier post! Malheureusement, j’ai le syndrome de la page blanche depuis 2 jours. Le 8 juillet, je suis sortie de ma retraite de méditation, et je n’ai pas écrit un mot depuis! Pourtant, s’il avait fallu qu’on me tende une feuille de papier et un crayon durant ces 10 jours de silence et d’inactivité totale, ce ne sont pas les mots qui m’auraient manqués… j’aurais pu écrire tout un roman, seulement avec mes pensées!

    Je me contenterai donc de vous dire que cette retraite a été longue, difficile et très chargée en émotions par moment, mais que cela restera pour toujours une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. Il m’aura fallu ces 10 jours d’isolement avec moi-même pour réaliser bien des choses, et je suis donc très contente aujourd’hui de m’être lancée dans cette aventure qui me faisait un peu peur au début… Je n’ai pas réussi à léviter, et je suis toujours très loin de l’illumination, mais ce cours m’aura permis de revoir ma façon de percevoir les choses et surtout, de faire la paix avec la fin de notre voyage, que j’appréhendais de plus en plus à l’approche du 3 août.  

    J’ai donc réussi à calmer ma « boulimie de voyageuse » : j’ai réalisé que faire un dernier sprint de visites de villes javanaises ne m’intéressait pas. Deux jours après ma sortie du centre de méditation, j’ai donc sauté dans un bus en direction de l’ouest de Java, et me voilà maintenant à Batu Karas, aux côtés de mon homme, dans notre petite maison tout près de l’océan Indien… Trois semaines de surf, de rencontres avec les locaux, de conversations en Bahasa Indonesia et de repos sont donc au programme d’ici notre retour! Alex a déjà pris beaucoup d’avance depuis son arrivée ici il y a 10 jours : il a fait énormément de progrès en surf, s’est fait plusieurs amis parmi les voisins et est capable de converser avec eux dans leur langue. Il m’en a bouché un coin à mon arrivée! Plus qu’à moi de le rattraper…

     

    PS : Photos à venir, lorsqu’une connexion potable sera disponible…

    PS2 : Pour les curieux, un copier-coller de ce qu’est la méditation Vipassana, de mon horaire durant mes 10 jours de cours et du code de conduite que j’avais à y suivre :

    La méditation Vipassana est l'une des plus anciennes techniques de méditation indiennes. Elle a longtemps été perdue pour l’humanité, et a été redécouverte par le Bouddha Gautama il y a plus de 2500 ans. Le mot Vipassana signifie « voir les choses telles qu'elles le sont réellement ». Il s’agit d’un processus d'auto-purification par l'auto-observation. On commence par observer la respiration naturelle pour concentrer son esprit. Avec une conscience aiguë, on observe ensuite  la nature changeante du corps et l'esprit et on expérimente les vérités universelles de l'impermanence, de la souffrance et de l’absence d'ego. Cette réalisation de la vérité par l'expérience directe est le processus de purification.

    Horaire

    4:00: Réveil

    4:30-6:30: Méditation individuelle

    06:30-08:00: Déjeuner et pause

    8:00-9:00: Méditation de groupe

    9:00-11:00: Méditation individuelle

    11:00-12:00 : Dîner et repos

    13:00-14:30 : Méditation individuelle

    14:30-15:30 : Méditation de groupe

    15:30-17:00 : Méditation individuelle

    17:00-18:00 : Thé

    18:00-19:00 : Méditation de groupe

    19:00-20:15 : Discours de l’enseignant

    20:15-21:00 : Méditation de groupe

    21:00-21:30 : Période de question dans le hall de méditation

    21:30 : Dodo

     

    Code de conduite

    -          Noble Silence (silence total, sans communication écrite, geste ou contact visuel)

    -          Séparation des hommes et des femmes

    -          Aucun contact physique entre les étudiants

    -          Pas de yoga ou d’exercice physique

    -          Pas d’objets religieux, chapelets, Cristaux, talismans, etc

    -          Pas d’alcool ou de drogues

    -          Pas de tabac

    -          Pas de nourriture extérieure, 2 repas par jour fournis.

    -          Vêtements amples et longs.

    -          Pas de contacts extérieurs (pas de téléphone, email, etc.)

    -          Pas de musique, lecture ou écriture

    -          Pas de magnétophones ou caméras


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